Au premier groupe à
identifier la victime sur la photo jointe et à amener ses
cinq agresseurs à la justice, je lègue les codes
d’accès à ma propriété de Paris. La
Fondation Draco remettra les codes après réception
et vérification d’un rapport complet de l’investigation,
incluant le destin de la victime et des agresseurs.
Dunkelzahn, extrait du testament.

ªPrologue
Le
"Français" renifla. Ca n'était pas ordinaire pour
lui de recevoir de la visite. Il avait pris l'habitude de livrer
lui-même sa bière à Tumwater, sans emmerder
le monde, sans faire de vagues. Il n'y avait pas beaucoup de métahumains
à Tumwater. Juste Donnie, un ork qui avait retourné
sa veste pour bosser avec des cagoulés et Artie, son pote
nain, qui tenait la station service. Il y avait bien aussi la
ferme des Standers, mais à ce qu'on racontait le mari et
le fils aîné avaient disparu dans les bois.
- Je vous sers
une aut' bière ? Risqua-t'il à son interlocuteur.
Un type plutôt bien balancé, de taille supérieure
à la moyenne sapiens sapiens. Enfin un type… On ne pouvait
pas vraiment dire ça. Le gars en face de lui ressemblait
à une véritable gravure de mode. Il avait plus de
charisme et d'aura que la plus belle des elfes qu'il avait pu
voir à la télé. D'ailleurs, son visage avait
quelque chose de familier. Mais le "Français" n'arrivait
pas à remettre le personnage. Sa mémoire n'était
plus aussi bonne depuis qu'il s'était gobelinisé
en Troll une quinzaine d'années plus tôt. Foutue
lenteur d'esprit.
Le jeune homme
sourit. Il laissa perler une fine goutte de mousse à la
commissure de ses lèvres.
- Pourquoi pas…
Mais il faudrait vraiment que vous me donniez le secret de votre
recette, il y a des parfums, dans cette bière, que je n'ai
jamais ressentis ailleurs.
Le "Français"
gloussa. Tout le monde lui faisait la réflexion. Mais c'était
son secret. Un savant mélange d'herbes, d'extrait de chanvre
et d'absinthe soigneusement "béni" par son pote l'indien
et introduit lors de la phase de fermentation. Il avait amélioré
le truc qu'il tenait de son grand-père qui lui même
avait vu son grand-père qui venait de France essayer ça
dans une brasserie clandestine de son comté d'origine :
la Charente qu'ça s'appelait. L'absinthe était connue
pour sérieusement griller les neurones. Mais non. Franchement.
Ca n'était rien par rapport aux ravages que les drogues
électroniques pouvaient faire subir à ses concitoyens.
- Ch'peux pas
vraiment. C'est pas que ça "soye" franchement illégal,
mais ch'peux pas. Et puis vous pourriez êt' de la concurrence.
Hein pas vrai ?
Le jeune homme
sourit encore en tendant son verre. Le "Français" actionna
la pompe et le lui remplit avec des gestes très professionnels.
Il aurait pu être barman si les circonstances avaient été
autres, saloperie de trollitude. Ou ingénieur agronome,
saloperie de gobelinisation.
-Vous avez l'air
triste… C'est étrange. Vous devriez être content
au contraire. Je vous passe quand même une grosse commande.
Glissa le jeune homme entre deux gorgées.
Un bref instant,
leurs regards se croisèrent. Le "Français" crût
voir des flammes bleues et jaunes danser dans les yeux de son
interlocuteur.
-Bah, c'est que
ch'pense souvent à des trucs idiots. A ma gobelinisation.
J'aurais tant aimer p'voir viv' comme tout l'monde, v' voyez ?
Une petite flamme
s'aviva dans la tête du Français, une petite flamme
qui taguait partout sur le tapis de ses pensées : mais
pourquoi est-ce que tu lui racontes ça ? Qu'est-ce qu'il
en a à faire que tu te sois gobelinisé et que t'en
aie marre d'être seul ?
Le "Français"
se força à souffler la fichue flamme. Il avait vraiment
pas l'habitude de se livrer à ce genre d'introspection
en plein dialogue. Le jeune homme lui laissa le temps de se reprendre
en buvant d'un trait la moitié de son verre. Une sacrée
descente. Il inspira profondément avant de s'approcher
du Français :
-Tout ce que
je vois c'est que vous brassez une excellente bière monsieur
Meiers. Et que nous allons pouvoir faire affaire.
Meiers… Plus
personne ne l'appelait comme ça depuis sa gobelinisation.
Il était devenu le "Français" en reprenant la ferme
du vieux "Français", son grand-père qui avait besoin
d'aide pour les cochons. La flamme se raviva un court moment.
Mais le "Français" souffla encore dessus. Pas besoin de
se prendre la tête, il devait avoir à faire avec
un professionnel voilà tout. Et c'était comme ça
que traitaient les gens de la ville : avec des noms et des prénoms,
avec des SIN, avec des numéros.
-Ben oui. Ch'crois
que ça peut s'faire. Vous en v'drez pour combien ?
Le jeune homme
sourit à nouveau. Il y arrivait bien apparemment. Un bon
entraînement sans doute dû à une longue carrière
dans le mannequinat. Le "Français" avait un peu perdu l'habitude
de sourire. A cause des crocs. Ca lui donnait un air idiot.
-Je me contenterais
de deux fûts par mois à livrer à cette adresse.
Je vous règle un an d'avance avec ceci.
Le "Français"
considéra, le souffle un peu coupé, le chiffre indiqué
sur le créditube. Il y avait deux zéros de trop.
Il bredouilla :
-Heu… C'est que
ch'pourrais pô vous rend' la monnaie. Faut comprend', j'ai
pas autant sur mon compte en banque.
-Et bien maintenant
considérez que vous l'avez.
La flamme encore
une fois voulut danser. Mais le "Français" l'étouffa
à nouveau. Pas question de se prendre la tête. Vraiment
pas question bon sang.
-Oué…
Mais euh… C'est vraiment beaucoup trop là. A c'prix là,
v'pourriez vous payer la même quantité en champagne
d'France. Vous v'lez qu' j'rajoute un truc spécial en plus
dans vot' bière ? C'est ça ?
-Non. A ce prix
là, je ne vous demande qu'un service en échange.
C'est que vous livriez vous-même les deux fûts à
Wichita aux dates et par la route que je vous indiquerai par mail.
-Hu ?
Hu… La seule
interjection qui traversa l'esprit du "Français". Mais
bon, à deux zéros de plus sur l'addition, il allait
pouvoir racheter son hypothèque et continuer tranquillement
son petit commerce…
-Vous m'avez
parfaitement bien compris. - Susurra le jeune homme en finissant
sa bière - Je n'ai que cette seule exigence. Et en aucun
cas, vous n'aurez pas à transporter de drogues ou de matériel
illégal. Considérez tout simplement que je viens
en aide à quelqu'un le qui mérite et qui est dans
le besoin et j'espère, qu'un jour, vous saurez rendre la
pareille. Vous vous en sentez capable ?
La flamme s'était
définitivement tue. Le "Français" tendit la main
machinalement.
-Oui, topez là.
Etrangement le
"Français" ne fut pas surpris lorsqu'il sentit que le jeune
homme soutenait sa poigne…
L'indien sortit
des bois. Il aimait bien le "Français", c'était
un brave homme qui avait une sorte d'affinité innée
avec les gens de son espèce. Le coupé sport du visiteur
disparaissait à l'horizon et les vagues troubles de l'euphorie
dansait dans l'aura du "Français". Apparemment, il ne s'était
pas rendu compte de tout. Il ne savait pas à qui il venait
de parler.
-Salut le "Français"…
Comment va ? Tu as fait des bonnes affaires ?
Le troll se retourna,
une grande lumière baignant son visage.
-Ha ça
tu peux l'dire l'indien. Ch'uis tombé sur une sorte d'"illuminé"
qui m'a proposé un p'tain de marché. C'est mon jour
de chance, ch' crois bien. Et faudra que t'en profites mon gars.
C'est quand même grâce à toi qu'y a une partie
de mes herbes qui poussent.
L'indien s'arrêta
à quelques mètres de son ami. Un trait sombre sur
le visage.
-Ben qu'est-ce
qu'y a mon pote ? Y a un problème avec la façon
dont tu fais pousser les herbes ? Je risque d'avoir des ennuis
?
-Non. Vu l'ami
que tu viens de te faire, je crois que les ennuis ne couleront
pas de sitôt vers toi, en tout cas en ce qui concerne ta
bière. Je voulais juste te dire que les cagoules ont recommencé.
Il y a deux cadavres dans le bois d'à côté,
depuis hier matin.
La colère
balaya la lumière sur le visage du Troll.
-Les cadav' de
qui ?
-Je ne sais pas
encore. Mais je l'apprendrai. Et je sens que tu pourras même
m'aider pour ça d'ici quelques temps. Ton nouvel ami ne
doit pas être venu ici pour rien.
Le troll haussa
un sourcil. Il n'avait que ça à faire quand l'indien
partait dans ses explications cryptées…
-Tu connais mon
nouvel ami ?
L'indien sourit.
C'était rare chez lui.
-Oui, mon ami.
Je le connais. Et sois fier d'avoir été choisi.
-Mais tu m'diras
pas qui c'est ?
L'indien tourna
la tête vers les champs pour contempler le domaine du "Français".
Le domaine d'un travailleur honnête, respectueux de la terre
et des esprits.
-Est-ce que tu
as vraiment envie de le savoir ?
Le troll se gratta
le cou, puis sourit faiblement, sans trop exposer ses crocs. La
voix de la raison glissa doucement comme une brise vivifiante.
-Oh non. Après
tout si tu m'dis que j'ai des chances avec toi et lui d'êt'
protégé d'ces foutus cagoulés, hé
ben alors ch'te crois. J'ai pas besoin d'plus. J'ai jamais su
qui tu étais. Ca m'empêche pas d'êt' ton pote,
non ?
L'indien inspira.
Ce troll était un ami, un vrai. Et il venait d'être
marqué par le destin. Le moins qu'il pouvait faire, c'était
de rester son ami.
-Exactement.
-Ch't'offre une
bière ?
-Oui. Comme d'habitude.
Une petite bière.
L'indien respira en grand. Il était si bon parfois de sentir
le monde matériel…
A James Meiers,
je lègue un petit témoignage de mon estime, à
remettre par la Fondation Draco.
Dunkelzahn.
Extrait du testament.
ª
Contexte
Ce
scénario introduit toute la campagne. Il parle de courage
et d'abnégation à la tâche. Il parle d'un
homme honnête et d'un groupe de shadowrunners mort pour
leurs idées. Il parle aussi d'amour et de lumière.
Des notions qui ne sont pas toujours abordées dans tous
les groupes de jeu. Des concepts qui ne seront pas toujours faciles
à cerner au cœur de l'hyper-violence où les personnages
devront enquêter. Mais avant tout, les maîtres mots
seront peut-être liberté et destinée. Destinée
parce que les personnages accomplissent la première étape
d'un rituel qui concerne un des êtres les plus puissants
que le sixième monde ait connu. Liberté parce que
cet être prônait avant tout la liberté dans
son discours et qu'aucun Johnson ou mégacorpo ne viendra
faire coucou au-dessus de l'épaule des joueurs. Pour une
fois, les joueurs sont libres. Entièrement libres. Leur
volonté de prendre en main l'affaire ne pourra être
teintée que par le discours d'un esprit qui vit reclus
dans les bois, que par la bonhomie qui se dégage d'un Troll
paysan et par une infime sensation qu'on peut nommer intuition.
La seule récompense sera les codes d'entrée de la
propriété parisienne de Dunkelzahn. Les codes seulement,
même pas la propriété. Evidemment, dans la
propriété, les personnages trouveront de quoi affronter
de nouveau leur destin.
L'affaire qui sera dévoilée
aux joueurs n'est pas de nature à changer la face du monde,
mais s'ils la mènent à bien, ils auront prouvé
leur valeur aux yeux du Dragon défunt et mériteront
ce qui les attend dans les scénarios qui suivront.
Répétons-le donc encore
une dernière fois, ce scénario n'est pas fait pour
une équipe de joueurs uniquement axée sur le matériel
et la surpuissance en combat. Faites jouer ce scénario
à des crétins qui font toujours parler le plomb,
qui n'ont ni foi, ni loi, et vous aurez la mort de votre équipe
sur la conscience, à moins, bien sûr, que vous ne
soyez très (trop?) généreux. Il faut savoir
comment on a envie de jouer ou de faire jouer à Shadowrun.
Mais incarner uniquement des bœufs qui tachent ne dure qu'un instant.
L'horizon est vite limité. Personne, même dans un
film, ne s'attache à de tels héros.
Les couleurs de ce scénario
seraient donc plutôt : intelligence, compassion, capacité
d'initiative et discrétion.
Consultez également des pages net sur le calcul des pleines lunes
pour ne pas vous tromper de date : http://www.fourmilab.to/earthview/pacalc.html
L'idéal, pour le faire
jouer, est d'avoir bien pris conscience des quelques contraintes
imposées par la campagne. Les joueurs ont un mentor
qui les a mis sur un run plutôt chaud, voire même
très chaud : normalement le scénario Mission
: Mars ou un simple scénario
pour faire une investigation sur ce qui est caché dans
une ferme paumée du Kansas (si les joueurs ont déjà
fait le scénario Mission : Mars). L'aventure commence in
medias res, les personnages sont en train de fuir, à
pied, des agents spéciaux du gouvernement et des hélicoptères
de combat lorsque leur route croise celle d'un brave troll qui
conduit un camion rempli de cochons. Ils ont besoin de se cacher
un moment, l'occasion et les cochons font les larrons…
Ha dernière chose, de
temps en temps des petits paragraphes précédés
de l'accroche "rock'n roll" vous donneront quelques idées
supplémentaires à rajouter au scénario pour
pimenter encore plus la campagne. Les idées risquent parfois
d'être tordues et bizarres et peuvent laisser la place à
des longs scénarios en parallèle. Mais qui a dit
que la nourriture exotique était mauvaise ?
ªHistorique
des événements
Voici
plusieurs années de cela, à Atlanta, vivait un riche
investisseur nommé Ralph Barstow. Ce brave monsieur avait
tout pour réussir : une belle famille, de l'argent, la
bénédiction du totem loup et une foi sans bornes
dans la cause que ses parents et loup lui enseignaient. Protéger
sa famille et les siens. Absolument. De toutes les menaces du
sixième monde et des vestiges de l'ancien, c'est à
dire : les noirs, les jaunes, les indiens, les sionistes, les
homosexuels et les mutants métahumains (ne parlons même
pas des trolls nègres, juifs et pédés). Disons
à la décharge de ce brave Ralph que la famille Barstow
était dans les affaires du Klan depuis sa création.
Près d'un siècle et demi de croyance indéfectible
dans la supériorité de la race blanche, ça
soude les rapports avec d'autres blancs. Ralph Barstow menait
donc une seconde vie dans les alcôves discrètes d'un
groupe de privilégiés appelé Human Nation
ou dans les ombres du Klan. L'argent et la magie lui permettaient
de mener la lutte, même si elle devait se solder parfois
par l'éradication de l'ennemi. De plus en plus d'ennemis.
Mais les adversaires étaient nombreux, trop nombreux. Il
fallait être encore plus fort. Lors d'un voyage en Ecosse,
guidé par loup dans les métaplans, Ralph cherchait
des moyens d'améliorer sa magie, de devenir encore plus
fort. Sa vie fut totalement transformée
au cours d'une quête astrale lorsqu'il rencontra une sorte
d'entité (Esprit libre ou horreur ?) nommée Jezrn'
twittornodonom. L'esprit lui parla du grand œuvre qu'il fallait
mettre en place pour Ragnarok, de l'organisation Winternight et
de la nécessité de trouver d'autres agents comme
lui afin de tout recommencer sur de nouvelles bases. L'ennemi
était trop nombreux, la seule solution était donc
de tout raser pour recommencer. Un monde plus pur. Quelques mois
passent, Ralph obtient du pouvoir auprès de Jezrn', et
apprend la nécessité de l'hyper-violence. Il fait
assez rapidement le grand saut et il élimine toute sa famille
pour Jezrn (les bases de reconstruction sont ainsi plus saines).
Il décide aussi de se constituer une nouvelle famille sur
le terreau fertile du passé : des camarades croisés
à l'armée, lors de ses études ou dans son
grand œuvre dans le Klan. Assez rapidement une cellule se compose
avec les quatre plus fidèles alliés que Ralph peut
trouver pour la cause de Jezrn.
Les cinq hommes reçoivent, seuls, la
révélation de Jezrn lors d'un voyage en Ecosse.
Ils seront les seuls à savoir qu'ils travaillent, en plus
de leur œuvre au Klan ou dans des mouvements racistes, pour l'organisation
nommée Winternight et le grand Ordre qui mènera
au Ragnarok. Eux seuls détiendront la vérité
et c'est pour ça qu'ils s'appelleront la Main Supérieure.
Elle sera constituée de : Chevalier (Ralph Barstow), Bourreau
(Louis Pauls, un physad/samouraï, membre de l'humanis), Arbitre
(Mitchel Pradock, un avocat et un physad, membre d'Human Nation),
Questeur (Victor Chasseneuil, un ex flic de la Lone Star membre
du polyclub humanis) et Sage (Kevin Mulvihill, membre du Klan
et technicien de génie).
(Petite précision : Physad
est l'abréviation utile et rapide pour adepte physique)
Leur première
œuvre est de recruter des fidèles. Chaque membre devient
le chef d'un groupuscule au sein de leurs organisations d'origines.
Groupuscules constitués de lieutenants qui devront à
leur tour, dans un proche avenir (et selon le principe du réseau
pyramidale), former d'autres groupes. L'hyper-violence et le culte
dédié à Ragnarok et Jezrn commencent à
prendre lentement forme, aidés en cela par des agents de
Winternight mis en contact avec Chevalier. C'est une véritable
famille spirituelle qui se forme, gagnée par cette étrange
magie qui se dégage lors des réunions de groupe
pendant lesquelles on sacrifie un métahumain au grand Ordre.
Leur deuxième
œuvre est le sacrifice de l'Ennemi. Toutes les semaines et chaque
lune, les groupes dirigés par les membres de la Main Supérieure
sacrifient un métahumain et si possible un métahumain
éveillé.
Leur troisième
œuvre est la destruction de masse. Et les membres de la Main Supérieure
patronnent activement des runs pour récupérer le
plus possible d'objets pouvant causer le maximum de dommages collatéraux.
Actuellement, on peut dire qu'ils ont de quoi tenir en stock :
quelques armes chimiques, des drones suréquipés,
du matériel militaire lourd, très lourd et un maximum
d'objets magiques pour les éveillés de l'Ordre.
Un des lieutenants
de Chevalier, un dénommé Dan Tailor est shérif
de la ville de Tumwater (une ville nouvelle que vous ne trouverez
pas sur les cartes), à plusieurs miles de la ville d'Haggard,
Kansas. Tout comme Chevalier, il a un long passé dans le
Klan et dans la cause humanis. Sa principale œuvre dans la cause
du Klan a été jusqu'à présent d'éliminer
(plus ou moins par inadvertance un soir où il avait trop
bu) le mari de sa sœur Lily : un certain Justin Bright, qui prêchait
pour l'intégration des métahumains dans la communauté
depuis que Lily avait accouché d'une petite elfe (une galère
certaine même si les elfes sont les moins crétins
des mutants). Peu après la disparition de Justin, la situation
s'était d'ailleurs calmée car Lucinda (la fille
de Lily) avait fugué après avoir manifesté
un potentiel magique. Dan s'était ensuite occupé
de sa sœur (la famille avant tout, enfin la famille pure) et cette
dernière semblait avoir fait son deuil.
La famille avant tout. Lily n'avait
pas du tout fait son deuil. Secrètement elle a gardé
contact avec sa fille. Et de loin, de très loin, elle l'a
vue devenir une belle jeune femme vénérant le totem
du Phénix et travaillant pour la cause de l'environnement
ou de l'intégration au sein d'une équipe de shadowrunners
(les fils de l'Argile). Cette équipe était constituée
d'Alex (samouraï/physad humain), de Lidvak (samouraï
nain), de Stoler (jeune decker humaine), de Yoris (rigger ork),
d'Heiz (rigger elfe et mari de sa fille) et d'Ingis (sa fille).
Ingis comble même totalement Lily en donnant naissance à
une petite fille prénommée Natacha (le deuxième
prénom de Lily) voici 6 ans de ça. Elle n'a jamais
vraiment su si son frère était responsable de la
mort de son mari mais elle s'est rendu compte, au cours des dernières
années, que la violence était de plus en plus présente
dans les cérémonies du klan. Une violence telle
qu'il y avait mort de métahumain, vol de matériel
et corruption de certaines zones d'après Wingy, le familier
de sa fille, qui se rendait parfois en secret dans sa maison.
C'est ainsi que, deux ans avant le
début du scénario, Lily met l'équipe de shadowrunners
de sa fille sur la piste de son frère Dan et des mystères
qui entourent les nouveaux cérémonials du Klan.
Tragique erreur qui se solde par l'élimination,
une nuit de pleine lune à Wichita, de quatre des membres
des fils de l'Argile (c'est Alex, le samouraï du groupe,
qui est sur la photo du testament). Seuls Ingis et son mari survivent,
mais pas pour longtemps, ils sont cueillis en chemin lorsqu'ils
tentent de revenir à Tumwater pour extraire Lily du guêpier
après lui avoir expédié un Email qui contient
une photo (celle du testament). La seule chose qui sauve la vie
de Lily reste que son frère Dan n'est pas au courant des
activités de cette dernière et qu'il ne réalise
même pas qu'il a assassiné sa nièce (les ombres
changent les visages). La pauvre Lily, qui ne sait rien de l'échec
de la mission, perd donc toute trace de sa fille et de sa petite-fille
et essaie de survivre à l'angoisse de l'incertitude. Elle
est plus ou moins aidée en cela par son chat. Un animal
que semblait particulièrement apprécier Wingy, le
familier de sa fille, et pour cause : la vie cachée de
Wingy (oui les esprits peuvent cacher leur vie) est à l'intérieur
du chat.
Ce que l'histoire ne dit pas, c'est
tout le réseau qui s'est mis en place ensuite…
D'une part, Wingy, le familier d'Ingis,
devient libre lorsque sa maîtresse se fait tuer. Il se fait
dessouder salement par les agents de Chevalier, mais comme sa
vie est cachée et qu'il est libre, il revient sous forme
matérielle un peu moins d'une lune après la mort
de sa maîtresse. Il adopte une personnalité d'anima
(psyché féminine) et se prend quasiment totalement
pour la réincarnation d'Ingis, qui est revenue de ses cendres.
Son seul objectif est de partir loin, pour élever Natacha,
la fille d'Ingis avec le cousin de son défunt mari : Robert
J Hemedes. L'organisation qu'ils ont affrontée est trop
puissante, priorité doit être donnée à
la petite Natacha avec la mort de tous les fils de l'Argile.
D'autre part, il faut savoir que les
fils de l'argile travaillaient indirectement avec leur fixer (également
assassiné par la Main Supérieure) pour le réseau
d'informations de Dunkelzahn. Winternight, Ragnarok, massacres
de métahumains… Dunkelzahn s'intéresse d'un peu
plus près à l'affaire et par un étrange phénomène
de synchronicité, il a une vision de sa propre mort et
des circonstances qu'il doit mettre en place pour organiser sa
réincarnation. Toute une toile à tisser à
partir des éléments qu'il a perçus dans ses
visions :
-Un Email avec la
photo de cinq personnes cagoulées en entourant une. Dunkelzahn
demande à un runner d'une de ses équipes spéciales
(un certain Eldarlord) de récupérer la photo sur
la boite privée de Lily, la mère de la shaman des
fils de l'Argile.
-Un visage, celui
d'un troll, d'un brave troll nommé James Meiers qui habite
non loin du bois où ont été enterrés
Ingis et son mari Heiz. Ce troll, sans être vraiment magiquement
actif, a une affinité spécial avec les esprits et
il est l'ami d'une sorte d'esprit libre nommé : homme des
bois. James devra être le propriétaire de la demeure
Parisienne de Dunkelzahn.
-Un indien, c'est
l'homme des bois qui a assisté de loin à l'enterrement
des cadavres. Il sera celui qui mettra les runners, qui sont aussi
dans la vision de Dunkelzahn, sur la voie.
-Des runners, les
pjs, embauchés par leur mentor pour faire une investigation
autour des photos de Mars en 2057 (ou la date de votre scénario).
Dunkelzahn a juste une date et transmet l'ordre au mentor des
pjs de les embaucher à la dite date.
-James Meiers croisant
les pjs dans un camion rempli de cochons à l'intersection
de deux routes paumées dans la campagne. Dunkelzahn fera
en sorte que James Meiers parcoure cette route.
-De nombreuses images,
émotions et sons qui compose la trame d'une sorte de rituel
et dont nombre d'éléments sont disséminés
dans le testament ou dans cette campagne.
-Le château
Glamis en Ecosse, par une nuit de pleine lune. Macbeth semble
rire de la mort en se baladant sur un monceau de cadavres métahumains
après que Dunkelzahn active le cœur du Dragon. (C'est à
dire que Jezrn' twittornodonom n'est pas banni dans la dimension
des horreurs grâce au culte qu'il est parvenu à mettre
en place).
-Excalibur portée
par son vieil ami Harlequin.
-Mars, encore et
toujours, avec une sorte de porte des étoiles qui donne
ensuite sur un paysage où se trouve une puissante lentille
magique : un locus.
-Le mentor des joueurs
siégeant au conseil d'administration d'une fondation gérant
les intérêts de Dunkelzahn.
-Un rituel magique
impliquant des enfants devenus grands (dont une certaine Mary
Beth Tyre) autour d'une lentille magique et qui permet à
Dunkelzahn de se matérialiser. La période de temps
est indéfinie. Entre 10 et 50 ans dans le futur certainement.
C'est ainsi qu'à
la mort de Dunkelzahn, le mentor des joueurs suivra des instructions
laissées par celui-ci pour diriger les joueurs vers certaines
pistes qui ont été entr'aperçues. Qui a dit
que les ombres n'avaient qu'une couleur gris foncée ?